dimanche 14 février 2016

Ces BD qui vous marquent

Quelles bandes dessinées - si je me restreint à l'imaginaire - m'ont vraiment marqué, ont changé ma façon de voir la SF ou la fantasy ?

A la réflexion, il n'y en a pas tant que ça. 

Je ne détaillerai pas trop de mangas ici, je n'en ai pas lu suffisamment et j'ai sans doute manqué des chef-d'œuvres. Disons que si je devais en citer juste trois, il y aurait Akira de Katsuhiro Otomo, qui, à mon avis, met une claque à tous ceux qui le lisent, avec son univers no future sans pitié, et ce sentiment de puissance sous-jacente tout au long de la série. Ensuite, je mentionnerai Blame! de Tsutomu Nihei. Je suis tombé amoureux de son style graphique, avec ces architectures improbables et personnages cyberpunk. Et de sa manière de brouiller les pistes, de sorte que chaque fois que l'on croit comprendre l'intrigue, on est davantage perdu. J'ai entamé une de ses autres séries, Biomega, mais j'accroche moins. Et pour finir je citerais Planètes, de Makoto Yukimura, un space-opéra dans un futur proche particulièrement réaliste et reposant.


- Le cycle de Cyann, de Bourgeon et Lacroix.
De loin mon cycle BD préféré, en six volumes. Je suis particulièrement amateur du thème des colonies spatiales abandonnées qui développent leurs propres cultures. Ici les auteurs ont inventés un monde possible jusque dans les moindres détails : culture, hiérarchie des classes, faune... tout est cohérent, extrêmement mature. Le personnage de Cyann est l'un des plus fort que j'ai jamais rencontré en BD : imparfaite, agaçante, irrésistible. Le dessin est juste magnifique, même si, après les deux premiers tomes, on passe de la plume au marqueur et on perd un peu de finesse. Et au delà de l'aventure, les intrigues abordées sont tout ce que j'aime : paradoxe temporels, portails entre les mondes...
C’est aussi la BD qui m’a fait découvrir Bourgeon et m’a poussé vers les incroyables Passagers du vent.


 









- Les mondes d'Aldébaran, de Léo
Je réalise que le thème est plus ou moins le même que celui du cycle de Cyann, avec également une héroïne forte, même si abordé différemment. Là encore nous sommes - du moins au départ de l'histoire - sur une colonie abandonnée. Je trouve époustouflante la manière dont Léo - à la fois dessinateur et auteur - va rentrer dans l'intimité de ses personnages. Alors que du côté de Cyann, l'aventure et l'action dominent, Léo prend le temps de détailler les petits tracas du quotidien, les romances adolescentes et adultes, tout en proposant des créatures sauvages toujours plus inventives, ou de grands thèmes courants en SF comme les pouvoirs totalitaires ou les emprises religieuses. Certains reprochent le trait un peu figé, personnellement ça ne m'a pas gêné, je trouve au contraire que cela donne un côté contemplatif.
Les mondes d'Aldébaran se déclinent en trois séries de 5 à 6 volumes chacune : Aldébaran, Bételgeuse et Antarès.


 








- Universal War One, de Denis Bajram
Je me souviens avoir lu cette bande dessinée adolescent. Elle a sans aucun doute participé à mon envie d’écrire de la SF. Ce cycle de space-opéra évoque le paradoxe temporel avec une complexité rarement égalée sur ce support. J’imagine à peine le travail de titan qu’a dû représenter la construction du scénario. Le tout servi par un superbe travail sur les ombres et les couleurs. Bref, la BD space-op ultime, à mon sens. Vivement le deuxième cycle, en cours de publication.



- La quête de l’oiseau du temps, de Le Tendre et Loisel.
C’est une bande dessinée de fantasy mythique, qui pour moi rassemble tout ce qui fait l’essence du genre. Un univers médiéval fouillé, des parcours initiatiques et des redondances volontaires qui rappellent le conte - notamment cette répétition des rencontres maître / apprenti - le tout avec un dessin assez dense, pas forcément agréable au premier abord, mais qui s’apprivoise.
A mon sens, beaucoup de récentes BD fantasy, au style plus comics, n’arrivent pas à la cheville de cette œuvre.







Au delà de ces morceaux de choix, l’éventail des excellentes BD SFFF est tellement large qu’une liste serait fastidieuse. Pour leurs univers, je mentionnerais Les Eaux de Mortelune, post-apo cru et dépaysant, toute l’œuvre d’Enki Bilal, avec sa vision unique de la décadence, et bien sûr les BD scénarisées par Jodorowsky, comme les Technopères et les Métabarons - même si je les trouve parfois un peu pompeuses et préfère souvent le Jodorowsky moins SF, celui de Juan Solo ou du Lama Blanc.